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Description

Née en juin 1930 à Toulon, Annie Barois a eu une enfance libre dans la nature près de la mer, assez indépendante. Du fait de la guerre elle a suivi des cours par correspondance et a passé son baccalauréat en candidate libre avec déjà le désir d’être médecin. Elle a fait ses études à la faculté de médecine de Paris, a été reçue à l’externat en 1952 et à l’internat en 1957 pour devenir pédiatre. Elle a été cheffe de clinique à Necker puis à Claude Bernard en maladies infectieuses. De cette époque, elle racontait l’arrivée des premiers antibiotiques, le traitement des carences vitaminiques qui guérissait les enfants, la diphtérie, la polyomyélite, les premières trachéotomies chez l’enfant.

Elle a rejoint Maurice Goulon et Maurice Rapin dès l’ouverture du service de réanimation de l’hôpital Raymond Poincaré en 1963. Elle a été, pendant plusieurs années, vacataire, c’est-à-dire présente dans le service … de 9h à 21h, voire plus tard assurant à Paris dans le même temps et avec le même dévouement désintéressé le suivi d’enfants en situation sociale précaire.
Les collègues qui l’ont côtoyé alors racontent qu’Annie était omniprésente, assumant la moitié du service adulte et la totalité de la partie pédiatrique du service (qui sera autonomisée et dont elle deviendra cheffe de service en 1979). Elle était une incroyable présence, attentive à tout et à tous, écoutant et regardant, et comme par hasard toujours là quand la situation devenait difficile. Son sens et son savoir clinique, sa façon de tout prendre en compte, le patient, sa famille, l’infirmière, l’aide-soignante, étaient pour l’interne, qui découvrait la réanimation, une école fascinante.

Jusqu’à sa retraite à la fin des années 90, quand un interne de garde pédiatre avait besoin d’un avis, il appelait la réanimation de Raymond Poincaré et quelle que soit l’heure, bien souvent il tombait sur une voix tranquille, gentille, pleine de bon sens qui l’accompagnait dans sa démarche diagnostique et thérapeutique… C’était Annie Barois… Les internes s’échangeaient « les recettes de Tata » c’est-à-dire les conseils pratiques qu’elle leur avait prodigués avec le projet d’en faire un livre. Annie est restée très présente à la consultation de pédiatrie jusqu’en 2015 où elle prenait plaisir à voir des enfants et revoir ses anciens patients venus lui présenter leurs propres enfants.

Sa curiosité intellectuelle et son grand sens clinique ont permis d’identifier de nombreuses maladies neuromusculaires dans une collaboration généreuse avec la discipline émergente qu’était dans les années 80 la génétique moléculaire. Elle n’a cessé de faire progresser le soin et a contribué à mettre en place la ventilation à domicile pour les enfants. Elle a été parmi les membres fondateurs du Téléthon insistant sur la prise en charge des enfants. Elle a ainsi contribué à créer les conditions qui ont permis les progrès actuels dans la prise en charge de des maladies neuromusculaires de l’enfant.

Son obstination avec une voix douce, des arguments simples et directs, à défendre la cause des enfants handicapés auprès des soignants, des collègues, des administratifs, des écoles, au sein des ministères de la santé et de l’éducation nationale a permis de donner une scolarité, un avenir, une autonomie a de nombreux enfants handicapés.

Son humour et son franc parler mettaient en confiance les soignants, les internes, les parents et les enfants. Elle était polyvalente, de l’intubation au ménage dans le service si c’était nécessaire… De 1968 à 1988, elle a régulièrement organisé et accompagné des enfants handicapés, parfois ventilés, trachéotomisés, avec des appareillages, en pèlerinage à Lourdes avec des soignantes de son équipe, veillant tant à la parfaite organisation du soin qu’à la joie et la fantaisie qui faisaient de ces voyages des bulles de rêves pour les enfants.

Annie Barois a reçu les honneurs de la société et de ses pairs, la légion d’honneur en 1989, l’Académie de Médecine en 2003 mais l’essentiel n’était pas là pour elle. « Qu’on ne s’y trompe pas, le métier que j’ai choisi est dur et prenant. J’ai vu mourir, j’ai vu peu de miracles. J’ai vu aussi des enfants courageux qui apprenaient à vivre malgré tout. »